Lettre d'une inconnue
S. Zweig
"Lettre d'une Inconnue" porte la parole d'une femme qui s'est consumée dans la passion amoureuse.
Cette femme, dans un élan ultime, à la fois libérateur et destructeur, raconte à l'être aimé, dans une unique et ultime lettre,
ce que fut sa vie, toute tournée exclusivement vers lui.
Mise en scène : Sandrine Saffré Création à L'Atrium - Le Havre - Juin 2016
Jeu : Angélina Diaz Maison de l'Etudiant - Le Havre Dec 2016-
Lumière : Serge Coquais Théâtre des Bains Douches - Le Havre - Mars 2017
Note d'intention :
Le texte de Zweig n'est pas à proprement parlé un texte dramatique mais le fait d'utiliser la forme épistolaire en fait un objet littéraire différent et adapté à la scène.
Entre récit et confession, le noeud dramatique se joue entre un personnage féminin présent sur scène, mais voué à disparaître très vite, et un personnage masculin fantasmé, absent, mais qui , dans le code théâtral devient le public.
La femme s'est comme enfoncée dans son silence, toutes ces années, dans son secret, et revit une dernière fois son existence passée par le biais du récit de sa vie.
Le décor est donc à l'image de son silence, entièrement blanc. De grands voiles et de grands lés de papier sont installés à l'allemande, rendant toute entrée et toute sortie impossible. Seuls éléments dramaturgiques, six panneaux mobiles recouverts de matières différentes ( papier, plastique, papier miroir) qui apparaissent comme des ponctuations et représentent son espace imaginaire. Le sol est lui aussi recouvert d'un voile blanc, complétant ainsi le décor arachnéen.
La mise en scène ne s'inscrit ni dans un décor historique, ni dans un décor figuratif, mais bien dans l'espace mental du personnage féminin.
Elle rejoue à l'envi les épisodes de sa vie et manipule les panneaux pour mettre en place le décor dans lequel elle va évoluer. Panneaux qui deviennent l'espace de la rue, l'espace de la chambre, l'espace de l'appartement, l'espace de l'enfermement.
Arrivée au terme de son récit, il ne lui reste plus qu'à s'attaquer au papier, seule réalité à laquelle elle peut se confronter, parachevant ainsi le rituel de l'anéantissement final.
La lumière vient accentuer, par des effets d'ombres portées, cette profonde solitude. Elle aide aussi à dessiner l'espac et à souligner l'effet d'enfermement inévitable.

crédit photo : Jean-luc Nail